Dans le cadre de l’entretien de ses espaces verts, la Commune d’Uccle génère des matières végétales, telles que des tontes, du broyat, des feuilles mortes, du bois d’abattage. Ces matières étaient auparavant considérées principalement comme des déchets. Or, elles présentent un intérêt pour l’environnement, la biodiversité et économique de par leur revalorisation. En 2020, la Commune a exporté 490 tonnes de déchets verts pour un coût de 27.000 €.
C’est dans cette optique qu’à partir de 2021, avec l’accord du Conseil communal, la Commune d’Uccle a pris part au projet Carbone, aux côtés des Communes d’Anderlecht, Saint-Gilles et Woluwe-Saint-Pierre, de Bruxelles Mobilité et sous la coordination de l’Université Libre de Bruxelles (ULB). Ce projet de recherche-action, financé par le programme « Experimental Platforms » d’Innoviris pour la période 2021-2024, avait pour but d’expérimenter des pratiques de recircularisation de tous les flux de matières végétales.
Les quatre dispositifs mis en place :
Ces pratiques permettent de réduire la quantité de matières végétales produites, réduire l’export des matières végétales, participer à la régénération des sols et réaliser des économies financières. Les enseignements des 3 premières années du projet Carbone ont été réunies dans un rapport, qui sera prochainement publié. Depuis 2024, le projet se poursuit avec le soutien de Bruxelles Environnement, dans le cadre du subside « Action Climat ». Par ailleurs, la gestion des matières végétales a été inscrite dans le Programme d’Action Climat communal, dans la fiche-action « Poursuivre la circularisation des déchets verts » (ZD3).
Le mulching des gazons
Parmi les 70 ha d’espaces verts gérés par la Commune, 14 ha sont engazonnés. Jusqu’en 2020, la Commune tondait et ramassait la majorité des pelouses, la tonte étant ensuite exportée pour traitement. Le mulching, une technique de tonte qui déchiquette l’herbe en petits morceaux et la laisse se décomposer sur place, n’était appliqué que sur un quart des pelouses. Une petite partie des pelouses était gérée en fauche tardive ou zone de développement spontané. Dans le cadre du projet Carbone, la Commune a expérimenté le mulching des pelouses du cimetière de Verrewinkel, un des plus grands espaces engazonnés en gestion communale, et dans d’autres espaces verts. À présent, grâce à l’acquisition de nouvelles machines et un changement de pratiques, 70 % des gazons sont mulchés, tandis qu’environ 20 % sont laissés en zone de fauchage tardif ou de développement spontané. Désormais, seule une mineure partie des pelouses sont encore tondues de manière conventionnelle et les tontes exportées. La Commune a ainsi transformé la majorité de ses déchets de gazons en ressources.
Les bénéfices du mulching
- Réduction des quantités de déchets verts exportées et leurs émissions de gaz à effet de serre associées;
- Fertilisation du sol par les apports réguliers de nutriments : le mulching stimule la vie du sol;
- Enrichissement du stock carbone du sol : une partie du CO2 est absorbé par les végétaux et stocké dans le sol sous forme de matière organique;
- Résistance à la sécheresse : le mulching permet de garder l’humidité du sol;
- Gain de temps pour l’entretien.
La fauche tardive, les prairies fleuries et les zones de développement spontané présentent, quant à elles, une plus-value écologique. En effet, elles sont un refuge pour de nombreuses espèces animales telles que des insectes pollinisateurs, des oiseaux et des petits mammifères. La Commune va poursuivre la pratique du mulching et envisage d’amener les tontes encore ramassées au mésocompost pour les revaloriser localement.
Le partage du broyat
Une grande partie de l’année, la Commune organise la taille de beaucoup d’arbustes, de haies et d’arbres. Une partie de ces restes de tailles était broyée et déposée en paillage ou partagée de manière informelle avec les projets collectifs (potagers collectifs, composts de quartier…) et les citoyennes et citoyens. L’autre partie de ces restes de tailles était soit broyée et emmenée par les sous-traitants, soit les tailles étaient simplement exportées au même titre qu’un déchet sans maitrise de ce qui en était fait. Le projet Carbone a porté sur trois aspects : comment augmenter la quantité de broyat entrant au Service vert, l’utilisation locale et le partage du broyat à divers bénéficiaires. Afin d’optimiser la quantité de broyat entrant, l’ensemble des tailles est désormais broyé grâce à l’acquisition de nouvelles machines. Par ailleurs, le bois et le broyat issus de l’entretien effectué par les sous-traitants sont maintenant récupérés.
Les équipes du Service vert ont élaboré une procédure interne, validée par le Collège des Bourgmestre et Echevins, de valorisation du broyat et de hiérarchisation des bénéficiaires. Ainsi, le broyat est valorisé de manière prioritaire en interne, pour les besoins du Service vert en tant que paillage sous les massifs arbustifs et les pieds d’arbres et comme matière nécessaire au mésocompost. Les autres services communaux (écoles incluses), les projet collectifs (potagers, composts de quartier) puis les citoyennes et citoyens ucclois suivent dans l’ordre de priorité. Enfin, dans le but de formaliser le partage du broyat en s’assurant que ces pratiques soient équitables, les Services vert et juridique ont élaboré un règlement public de distribution de broyat pour les projets collectifs et les particuliers ucclois, adopté lors du Conseil communal de juin 2024. En 2023, environ 70 m³ de broyat ont été partagés avec les projets collectifs et les particuliers ucclois.
Les bénéfices du broyat
- Le paillage du broyat permet d’améliorer la structure et d’enrichir les sols lors de sa décomposition, ainsi qu’à retenir l’humidité dans le sol;
- Le broyat est une ressource importante pour les citoyennes et citoyens, assurant l’équilibre des composts (par l’apport d’une matière carbonée) et pour pailler les cultures;
- Un gain économique : sauf exception, la Commune ne doit plus acheter de broyat et peut compter sur ses propres ressources. Elle ne paye plus non plus l’exportation des restes de tailles.
Une autre piste pour l’optimisation des quantités de broyat entrant réside dans la possibilité de capter une partie du broyat provenant d’élagueurs et opérateurs privés. La Commune va poursuivre l’étude juridique initiée dans le cadre du projet Carbone pour s’assurer de mettre en œuvre cette pratique dans le respect des lois soumises aux pouvoirs publics.
La distribution de copeaux de bois (broyat)
En juin 2024, la Commune s’est dotée d’un règlement relatif à la distribution de copeaux de bois communaux aux projets collectifs et aux particuliers ucclois. Ce document détaille les conditions d’octroi de broyat par la Commune aux citoyennes et citoyens ucclois pour des projets personnels ou collectifs. La distribution se fait dans les limites du stock disponible.
Tout nouveau projet collectif (potager collectif, compost collectif…) est invité à s’inscrire auprès du Service vert pour être contacté lors des périodes de distribution du broyat.
Les particuliers ucclois ne doivent pas s’inscrire au préalable. La période de distribution intervient au printemps et est communiquée via les canaux de communication communaux (Wolvendael magazine, réseaux sociaux…). Pour plus d’informations, n’hésitez pas à envoyer un e-mail à broyat@uccle.brussels.
Télécharger le règlement relatif à la distribution de copeaux de bois communaux
Le mobilier urbain issu du bois d’abattage
Le Service vert et ses sous-traitants abattent ponctuellement des arbres lorsqu'ils sont malades, trop abimés ou morts, pour des raisons de sécurité dans la grande majorité des cas. Par ailleurs, un flux plus important de gros bois peut-être soudainement créé, dû aux tempêtes. Le flux de gros bois généré est très divers en termes d'essences et de gabarit. Avant le projet Carbone, les troncs valorisables produits par les sous-traitants étaient exportés vers différentes filières de valorisation en dehors de la région bruxelloise voire de la Belgique, engendrant coûts financiers et émissions de gaz à effet de serre. Les gros bois non valorisables (incluant les souches) étaient collectés par la Commune puis exportés.
Le projet Carbone a donc étudié les opportunités de revalorisation de ce flux de gros bois par la Commune, notamment en mobilier urbain. La Commune a fait appel à un cabinet de design de services et de produits, accompagné d'un menuisier professionnel pour la fabrication de mobilier urbain sur la base des principes suivants : utile, désirable, réplicable, modulable, déplaçable et inclusif. En parallèle, la Commune s’est dotée d’une scie à ruban permettant de débiter les troncs en planches. Deux prototypes, une table et un banc, ont ainsi émergé de ce travail. Les élagueurs du Service vert, qui seront amenés à fabriquer le mobilier « en série », ont été impliqués dans l’élaboration du design. Par ailleurs, plusieurs ateliers ont été organisés tout au long du processus et les prototypes présentés à différents acteurs (Conseil consultatif de la Personne en Situation de Handicap et Conseil consultatif ucclois des Aîné(e)s, entre autres). Chacun des deux mobiliers dispose désormais d’un mode d’emploi de fabrication, ainsi qu’une fiche de débit reprenant les mesures de chaque pièce. Ces outils sont disponibles publiquement et libres de droit. Les mobiliers seront placés dans des parcs et espaces verts communaux. La Commune va donc commencer la fabrication du mobilier urbain « fait à Uccle avec du bois d’Uccle ».
Télécharger le Mode d’emploi table
Télécharger la fiche de débit table
Télécharger le Mode d’emploi banc
Télécharger la fiche de débit banc
Le mésocompost
Bien que la plupart des matières végétales soient recircularisées via les dispositifs précédemment exposés, une partie de celles-ci doivent être valorisées d’une autre manière. La Commune a donc travaillé à la mise en place d’un mésocompost, un site de compostage permettant de gérer des volumes importants de matières, jusqu’à 1.000 tonnes/an. Des collaborations ont été mises en place entre les Communes partenaires du projet Carbone. Ainsi, le mésocompost a été installé au cimetière de Saint-Gilles, situé sur le territoire ucclois, et gère des flux de matières végétales uccloises et saint-gilloises. Par ailleurs, les machines nécessaires à la gestion du mésocompost ont été achetées et mutualisées entre les Communes de Saint-Gilles, Uccle et Woluwe-Saint-Pierre afin de réduire les coûts liés à ces machines et l’impact environnemental de leur achat. Cette convention de partage de machine est novatrice et a nécessité de nombreux allers-retours entre les coordinateurs du projet Carbone, les responsables techniques, politiques et surtout juridiques de chaque Commune. Après l’obtention du permis d’environnement, la Commune a mis en place le mésocompost. Ce dispositif permet de produire jusqu’à 25 tonnes de compost, qui est utilisé sur les espaces verts communaux, permettant de remplacer l’achat de terreau ou de compost.
Service Vert
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